Ce samedi 11 avril à 10h, une centaine de parents sans école publique, venus des quatre coins de la France, demanderont à être reçus au Ministère de l’Education Nationale.

Au moment où la laïcité fait figure de rempart aux attaques prosélytes de tous bords, le Comité National d’Action Laïque (CNAL) fait entendre la voix de ses représentants régionaux et départementaux qui vivent dans des endroits que les statisticiens de l’Education nationale nomment les « déserts scolaires ».

L’enseignement catholique privé y règne en monopole, du primaire au secondaire et maille le territoire d’établissements nombreux, bien souvent cogérés par des maires et des hommes politiques facilitateurs de cet enseignement confessionnel.

C’est le cas dans 30% des départements français, et plus particulièrement dans l’ouest du pays. L’exemple le plus criant se situe dans le pays des Mauges, en Anjou, entre Nantes et Angers, où 127 000 personnes vivent dans une terre marquée par les guerres de Vendée de la Révolution française et où les religieux gardent la haute main sur les tableaux noirs, sans que les élus de la République y trouvent à redire. Sur 82 communes du secteur, 63 ne possèdent que des écoles confessionnelles. Dans le canton de Beaupréau, la deuxième ville du secteur après Cholet, on trouve trois collèges et un lycée privé, mais rien de public.

La laïcité à deux vitesses n’est donc pas un mythe dans cette région. Les faux-semblants et le cynisme minent en profondeur l’Ecole avec la bénédiction de la République.

Quant à ceux qui s’obstinent à vouloir mettre leurs enfants dans le public, leur vie se complique un peu plus tous les jours. Des temps de transport scolaire allant jusqu’à deux heures par jour pour rejoindre l’établissement public le plus proche, des pressions sociales fortes dans les villages pour s’inscrire « au privé » et cette impression assez sournoise d’un décrochage social annoncé dès l’inscription à l’école publique.

Depuis 30 ans, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) exige l’ouverture d’établissements publics et notamment d’un collège public, qui chaque année est refusé par le Conseil Général de Maine-et-Loire. Tous les prétextes ont été invoqués pour faire trainer l’affaire : pas assez d’élèves, trop de concurrence avec le privé, plus assez d’argent et surtout une puissante pression des lobbies de l’enseignement privé sur les tutelles de l’Etat. La guerre scolaire est en marche !

Le CNAL a connu les promesses politiques de maints gouvernements, les déclarations d’intention et de soutien des hommes politiques à la construction du collège public de Beaupréau. Le CNAL a interpellé, écrit, rencontré et fait les propositions les plus réalistes, appuyées des documents les plus officiels mais jamais aucun n’a tranché.

Ce samedi 11 avril, les parents sans école publique veulent enfin savoir si l’Etat obligera rapidement les nouveaux élus du Conseil Général du Maine-et-Loire à honorer la mission prioritaire d’un enseignement public et laïque.

Si la République et la Laïcité sont des dames devenues exigeantes, elles ne se suffisent plus de déclarations. Elles demandent de poser des actes forts et courageux !

 

Guillaume Dupont, président du CNAL

Celine Rigo, secrétaire générale du CNAL