Les faits sont tenaces : l’enseignement privé en France (à 96% catholique) nuit à la mixité sociale. La dernière étude[1] de la DEPP[2] rappelle une fois encore que les élèves scolarisés dans les collèges privés sont issus d’un milieu social plus favorisé que ceux du public en moyenne. Pire, cet écart s’est creusé entre 2002 et 2015.

La DEPP a classé les collégiens français en quatre groupes selon leur origine sociale : très favorisée (22,7% des enfants), favorisée (12,5%), moyenne (26,9%), défavorisée (37,8%). Les enfants de professeurs entrent dans la première catégorie malgré des revenus moins élevés que les cadres supérieurs, car ce classement prend également en compte le capital culturel. Le groupe des défavorisés comprend les enfants de chômeurs, ouvriers et inactifs n’ayant jamais travaillé.

10% des quelques 7000 collèges de France (hors Mayotte), publics et privés sous contrat, comptent moins de 14,6% d’élèves défavorisés. A l’autre bout du spectre, 10% des collèges comptent plus de 62,7% d’enfants défavorisés. Le système est donc dans l’ensemble très peu mixte socialement et reflète souvent la faible mixité résidentielle dans les villes.

Mais il est encore moins mixte dans le privé et cette situation va en s’aggravant. Ainsi, en 2015, 20% des collégiens du privé étaient issus de milieux défavorisés, contre un quart en 2003. Les très favorisés représentent, quant à eux, 37% des effectifs du privé (30% en 2003). Les collèges publics comptent, eux, 43% d’enfants défavorisés et 19% de très favorisés. La ségrégation est particulièrement dans de grands centres urbains, notamment Paris et Lyon.

Pour le CNAL, le rapport de la DEPP n’est pas une surprise. Le syndicat rappelle son opposition à tout financement des écoles et établissements privés par l’Etat. Les moyens pour améliorer la mixité sociale doivent d’abord être donnés à l’Ecole de la République.